La Loire innove avec un ESAT* agricole

Sur la petite commune de Cremeaux dans la Loire, Laure Garrivier, Directrice de l’ESAT de la Blégnière, nous a accueillis chaleureusement autour d’un café et d’une spécialité locale : la Praluline, une délicieuse brioche au bon goût de beurre.
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Pendant plusieurs heures, avec passion, Laure nous a présenté les nombreuses activités de cette structure, pointant systématiquement le sens et les valeurs qu’elle donne à son développement. De quoi repartir encore plus convaincus du bienfondé de l’insertion en milieu agricole !

A la Blégnière : agriculture et élevage

L’association « Le Colombier La Blégnière », créée grâce à des élus en 1985, gère 2 sites et un service d’accompagnement à la vie sociale.
40 travailleurs sont présents sur chaque site et 4 moniteurs sont chargés de l’encadrement. « C’est une volonté fort de l’association : rester à taille humaine pour bien connaître les personnes, précise Laure. » 

Au total, l’association gère 50 hectares dont 3 000 mètres carrés sous serres. De nombreuses activités sont proposées aux personnes accueillies : du maraîchage en agriculture raisonnée, de l’entretien d’espaces verts pour les particuliers et les entreprises, de grandes cultures de maïs et de blé, une légumerie et deux magasins pour vendre les produits transformés. « Nous regrettons de ne pouvoir faire qu’une transformation par jour, explique Laure. Tout doit être tracé. Il y a beaucoup de contrôles à réaliser, plus les étiquetages des produits. »

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Le site de la Blégnière possède aussi un élevage de volailles en plein air (8 000 par an), avec un abattoir flambant neuf dans lequel 65 000 volailles sont abattues chaque année.

Une cuisine publique
Alors que débute la visite du site, nous croisons une file d’enfants. Laure nous fait la surprise d’annoncer que la Blégnière accueille aussi les enfants des écoles publiques pour les repas. « Il existe une cuisine sur chaque site. Nous participons beaucoup à l’économie et à la vie locale. »

Des accueillis heureux !
Notre déambulation nous permet de croiser et saluer quelques employés. L’occasion pour la directrice de nous expliquer que, en terme d’effectif, la Blégnière arrive à ses limites : « Le vieillissement des personnes que l’on accueille pose des problèmes. Nous avons dû en réorienter vers des foyers. On a peu de demande de sortie vers l’extérieur. Ils trouvent le cadre rassurant, ajoute-t-elle, non sans sourire. »
Tandis que plusieurs d’entre nous ne résistent pas à la tentation d’acheter quelques conserves dans le tout nouveau magasin, Laure poursuit son discours : « Le profil des accueillis évolue très vite. Nous devons toujours nous adapter. Il est très différent d’accueillir des déficients mentaux, des personnes qui souffrent d’addiction, ou encore des personnes qui n’ont pas travaillé depuis plusieurs années. Pour être ici, il faut être reconnu Adulte Handicapé. Chaque travailleur touche environ 700 euros par mois pour le travail qu’il effectue. A cela s’ajoute l’AAH (Allocation Adulte Handicapée) et des allocations logement. Et Laure d’ajouter : « Le fait d’être à la campagne est une chance. Certains vivent bien, aussi bien et parfois même mieux que certains agriculteurs. Il arrive que des accueillis touchent plus que de nouveaux animateurs. »

Des projets co-construits
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Après avoir cheminé au-dessus de charmantes petites maisons pour l’élevage des poules, nous pénétrons dans l’abattoir, un peu glacial, il est vrai. « L’abattage demande des compétences variées, nous confie Laure. Pour certains, c’est compliqué. Heureusement, nous proposons une grande diversité d’activités. Cette variété permet à ceux qui en ont la capacité d’occuper plusieurs postes ou bien de se concentrer sur une seule activité. Tous les projets sont co-construits avec les travailleurs, c’est très important pour nous. »

L’un de nous l’interroge : « Si vous n’étiez pas là, quel impact cela aurait-il sur le territoire ? » Sa réponse est claire : « L’abattoir, c’est vraiment une plus-value. Au début, le projet était conçu pour 30 000 volailles, mais très vite il a paru insuffisant. On pourrait maintenant abattre 100 000 volailles ! Nous avons constaté que des producteurs se sont installés à proximité parce que nous existons. Si on fermait, on les mettrait en difficulté. »

Un exemple de plus pour comprendre l’importance de ce type d’association, inscrite dans le tissus local. Une visite enrichissante, une expérience à renouveler. Merci la Blégnière !